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Conférence Débat avec le président d’EDM

Monsieur Yacine Chouabia est intervenu dans le cadre des Conférences Débats organisées par le Business Club de l’Ecole Supérieure de Commerce et de Gestion de Mayotte. Ces visites de hauts dirigeants permettent aux futurs décideurs mahorais de mieux appréhender leur environnement économique et d’échanger sur le parcours de l’intervenant.

Donner l’exemple

Yacine Chouabia a l’habitude de partager son expérience auprès des jeunes. Il lui tient à cœur d’intervenir régulièrement en métropole dans son quartier d’origine pour transmettre un message simple : il n’y a pas de fatalité. Alors que rien ne l’y destinait, Yacine Chouabia est aujourd’hui un exemple de réussite. Son parcours académique et professionnel force le respect et prouve que l’éducation est le meilleur vecteur d’ascension sociale. Issu d’une école d’ingénieurs, il reprend ses études après dix ans de carrière et sort diplômé d’un MBA qu’il prépare entre Londres et New-York. Il est aujourd’hui l’un des dirigeants phare de Mayotte en opérant depuis deux ans une stratégie de développement aussi ambitieuse que consciente pour EDM, 12ème entreprise de Mayotte et 53ème de l’Océan Indien.

EDM, une entreprise de service public

En charge de l’électricité à Mayotte, EDM est une entreprise de service public mais pour autant pas une entreprise d’Etat. 50% de son actionnariat est porté par le conseil départemental, 49% sont partagés par deux acteurs privés que sont EDF et la SAUR, tandis que l’Etat détient 1% du total. L’électricité étant considérée comme un bien essentiel, la première mission d’une entreprise de service public est d’assurer l’équilibre offre/demande. L’électricité étant encore difficile à stocker, il s’agit de produire exactement ce qui est consommé par les ménages. Ce qu’il y a de particulier à Mayotte, c’est que EDM est présente sur l’ensemble de la chaîne de valeur : de la production à la commercialisation en passant par le transport et la distribution. Propriétaire de 90% de l’énergie produite (le reste étant issu de panneaux solaires appartenant à un acteur privé), EDM sécurise sa production.
« Notre énergie est issue à 94,5% de diesel, et à 5% d’énergie solaire. Un chiffre qui tend à augmenter puisque la volonté d’EDM est de verdir ce mix-énergétique. Un défi de taille puisque contrairement à un marché énergétique stable voire en décroissance en métropole, la consommation à Mayotte ne cesse d’augmenter. Face à une population en dynamique de développement, l’opérateur de service public qu’est EDM se doit de répondre à la demande. »
En construisant une nouvelle ligne entre Longoni et Sada, l’entreprise rend l’électricité plus accessible sur l’île. En termes de commercialisation, EDM fait face à d’autres enjeux. « Dans le service public, le prix est fixé par l’état et non par l’opérateur lui-même. C’est ensuite l’octroi de mer et non la TVA qui est appliqué, ce qui fait du tarif EDM le moins cher de France, et le 5ème le moins cher d’Europe (y compris hors zone €). La difficulté est que l’Etat ne se préoccupe pas de l’absorption du coût de production dans le prix. Si en métropole 1 mégaWatt revient à 30€ grâce aux grosses centrales nucléaires, il coûte à Mayotte autour de 380€ à EDM qui doit le revendre 100€. Grâce à la « Contribution Service Public d’Electricité », collectée chez l’ensemble des usagers français, le différentiel Coût de production/Prix de vente est amorti. »
Par sa fonction de président d’EDM, Yacine Chouabia doit donc répondre à ces problématiques structurelles, environnementales et de rentabilité. Mais sa vision de l’entreprise l’amène à aller plus loin.

Yacine Chouabia, président conscient d’une entreprise qui se veut responsable

« La différence entre EDM et une entreprise lambda ? La responsabilité, car c’est le seul acteur sur le marché. Sans électricité, pas de développement. On se doit d’accompagner ce développement du territoire et en plus de permettre à certaines initiatives d’émerger. »
Yacine Chouabia a ainsi mis en place un plan stratégique nommé « na ri wahé » / « Construisons 2018 », dont l’ambition est de faire d’EDM l’entreprise citoyenne de référence, plaçant l’humain au centre de ses préoccupations.
« Une entreprise, comme un territoire, ce sont des femmes et des hommes. Nous devons être à la hauteur des attentes du territoire : en termes d’électricité mais également d’accompagnement des entreprises, des jeunes… »
A titre d’exemple, la loi pour la transition énergétique de 2015 offre aux usagers qui isolent leur maison un prêt à taux 0 et un crédit d’impôt, à la condition que les travaux soient réalisés par une entreprise certifiée RGE (Reconnue Garante de l’Environnement). Sauf qu’aucune entreprise RGE n’était présente sur le territoire. Autrement dit de l’argent était mis à disposition pour encourager le développement mais les mahorais ne pouvaient pas en profiter. EDM, en collaboration avec l’Agence de Maîtrise de l’Energie, a alors financé dix entreprises, dont quatre sont aujourd’hui RGE et trois devraient le devenir dans les prochains mois. Nous subventionnons également le remplacement des anciens climatiseurs, entre 600€ et 900€. Voilà très concrètement comment l’EDM met en pratique sa philosophie : comme une entreprise citoyenne. « Mon unique raison d’exister est mon apport au territoire. »
EDM n’hésite d’ailleurs pas à inciter des producteurs d’électricité concurrents à s’installer à Mayotte, s’ils peuvent apporter un savoir-faire qui va dans le sens du développement des énergies vertes. C’est ainsi qu’Albioma, leader de l’énergie issue des biomasses, installera une centrale « verte », en plus de créer une trentaine d’emplois et d’apporter à Mayotte 85 millions d’euros d’investissement. Yacine Chouabia a également créé un poste de responsable des collectivités locales. Sa mission : aider les maires à optimiser leur consommation d’énergie et à développer leur commune. EDM a également pour projet de créer un centre de formation pour former les collaborateurs d’aujourd’hui et de demain.

Yacine Chouabia, le manager

Interrogé sur son mode de management par un étudiant, Yacine Chouabia répond encore une fois simplement et sincèrement : « votre mode de management doit correspondre à qui vous êtes. Un bon manager est cohérent avec ses valeurs. » La conviction du président d’EDM : la force du collectif est supérieure à la force de l’individu. Au quotidien, il essaye d’être à l’écoute, il respecte, il fait confiance en chacun de ses collaborateurs, certain que c’est une première forme de reconnaissance qui les encouragera à donner plus. Manager exigeant, les libertés qu’il laisse aux employés d’EDM vont de pair avec l’obligation de résultat.
Pendant une matinée Yacine Chouabia a transmis sa foi en une ambition collective, servie par le travail individuel et guidée par des valeurs fortes : des convictions fondatrices de l’ESCGM.